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Nuage :
1. Amas de vapeur d'eau condensée en fines gouttelettes qui se forme et se maintient en suspension dans l'atmosphère. (Le Grand Robert)

2. Concentration de matière interstellaire formant une zone luminescente lorsqu'elle est éclairée par une étoile (Le Grand Robert)

3. Distribution de densité de probabilité de présence des électrons autour du noyau d'un atome. (Le Larousse)

Quantique :
1. Branche de la physique qui traite des propriétés des quantons (Le Larousse)

2. Relatif aux quanta
" La physique quantique n'aboutit donc plus à une description objective du monde extérieur, conforme à l'idéal en quelque sorte instinctif de la physique classique : elle ne fournit plus qu'une relation entre l'état du monde extérieur et les connaissances de chaque observateur, relation qui ne dépend plus seulement du monde extérieur lui-même, mais aussi des observations et mesures effectuées par l'observateur."

L. de Broglie, Physique et Microphysique, p. 150.

L'association des deux termes semble donc décrire un ensemble plus ou moins distinct, ayant une dimension mais sans frontière et dépendant de l'observateur.
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lundi 19 septembre 2016

" Au village sans prétention, j'ai mauvaise réputation..."


Brassens chante La mauvaise réputation pour dénoncer une forme d’oppression que les philosophes nomment « la tyrannie de l’opinion ». L’opinion publique, la doxa, est ce que tout le monde pense parce qu’il l’a entendu dire, ce qui se répète, s’amplifie, se déforme sans jamais donner lieu à questionnement ou vérification. C’est aussi la rumeur. Elle n’a aucune valeur puisqu’elle est sans fondement, sans preuve.

 Pourquoi alors Criton, l’ami d’enfance de Socrate venu lui rendre visite à la veille de l’exécution de celui-ci pour le persuader de s’évader de prison, la craint-il tant ? Car elle peut conduire un homme au déshonneur ou à la ruine. Socrate rétorque que ce ne sont là que fausses valeurs instaurées par la société. Son idéalisme le protège de la souffrance de se sentir différent et exclu. Son détachement fait de lui l’archétype du philosophe.

 C’est pourtant une vérité universelle que chante Brassens au rythme de sa guitare : « les braves gens n’aiment pas que l’on suive une autre route qu’eux. »

Ainsi Russell s’interroge encore sur l’opinion publique en 1930 dans son ouvrage La conquête du bonheur. Il constate que « très peu de gens peuvent être heureux si leur existence et leur conception du monde ne sont pas, dans l’ensemble, approuvées par ceux à qui ils sont mêlés dans la vie quotidienne et surtout par ceux avec qui ils vivent. »

Un lâche, le philosophe britannique ? Sûrement pas. Ses positions en faveur de la paix, du féminisme, de l’amour libre lui valurent tout au long de son existence de nombreux désagréments et une solide réputation d’immoralité.

Mais Russell est réaliste. Soulignant que c’est à l’adolescence que la tyrannie de l’opinion s’exerce le plus fortement car elle touche des individus en construction et donc encore fragiles et que par la suite, en sont victimes les personnalités les plus originales, créatives, sensibles, il conseille de construire son existence avec des personnes et dans des lieux en conformité avec ses goûts. Il faut aussi reconnaître que l’opinion des autres n’a que la valeur qu’on veut bien lui accorder.

Russell s’inquiète pourtant des pouvoirs de la presse pour détruire des hommes et des femmes en vue. S’il existait un autre moyen plus rapide capable de colporter des rumeurs à une échelle immense, même les anonymes seraient alors en danger.

Ce moyen ne s’appelle-t-il pas aujourd’hui les réseaux sociaux ? Ce n’est plus au village mais dans le village planétaire que l’on risque d’avoir mauvaise réputation alors même qu’on « ne fait de tort à personne » comme dit la chanson.

 Celle-ci finit sur une prédiction : « s’ils trouvent une corde à leur goût, ils me la passeront au cou ». Être lucide et accepter ce risque: une autre façon de définir le philosophe.





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