On
appelle doute l’état d’incertitude à propos de la réalité d’un fait, de la
véracité d’une proposition, du bien-fondé d’une conduite à adopter. Douter, c’est
remettre en cause, contester ce qui est communément admis. Dom Juan, le héros
de Molière, symbolise le doute dans la littérature. Ce sceptique affirme en
effet : “ je crois que deux et deux font quatre ”, autrement dit “ je doute de
ce qui n’est pas prouvé. ” Mais dom Juan finit en enfer pour avoir osé douter
de l’existence de Dieu.
Car
pour l’opinion commune, le doute est au mieux signe de faiblesse comme dans
l’expression “ douter de soi ”, au pire refus de se plier à l’ordre moral et
intellectuel établi. Les sceptiques ont alimenté les bûchers de l’Inquisition
pendant bien des siècles.
Descartes
montre pourtant, dans Le Discours de la méthode, que sans le doute il n’y
aurait ni science ni philosophie. Comment Galilée, que Descartes admire,
aurait-il pu fonder la physique moderne s’il n’avait remis en cause ni le
géocentrisme ni les affirmations d’Aristote sur la chute des corps ?
Le doute cartésien est méthodique : supposons momentanément que toutes nos idées soient fausses afin de les vérifier et de ne conserver que les vraies. Ce scepticisme est nécessaire pour édifier une science certaine sur des fondements irréfutables.
Le doute cartésien est méthodique : supposons momentanément que toutes nos idées soient fausses afin de les vérifier et de ne conserver que les vraies. Ce scepticisme est nécessaire pour édifier une science certaine sur des fondements irréfutables.
Au
contraire, chez les Anciens, le scepticisme est la négation de toute
possibilité de science. Appelé aussi pyrrhonisme, du nom de son fondateur,
l’école sceptique enseigne que l’on ne peut être certain de rien et qu’il faut
donc, en toute chose, suspendre son jugement. Sextus Empiricus en est le plus
célèbre représentant.
Son surnom, “ l’empirique ”, signifie celui qui fait l’expérience, qui apprend sur le terrain. Sextus était médecin et ne faisait aucune confiance à ce qu’il avait appris dans les livres. Il estimait que le cas de chaque patient étant particulier, il est impossible d’avoir une connaissance générale de la médecine. Personne en effet n’éprouve les mêmes sensations, ne réagit de la même manière. En ne prenant en compte que les spécificités individuelles, Sextus s’interdit de bâtir une science puisque le propre de la science est de généraliser. Ce scepticisme, ce doute sont radicaux.
Son surnom, “ l’empirique ”, signifie celui qui fait l’expérience, qui apprend sur le terrain. Sextus était médecin et ne faisait aucune confiance à ce qu’il avait appris dans les livres. Il estimait que le cas de chaque patient étant particulier, il est impossible d’avoir une connaissance générale de la médecine. Personne en effet n’éprouve les mêmes sensations, ne réagit de la même manière. En ne prenant en compte que les spécificités individuelles, Sextus s’interdit de bâtir une science puisque le propre de la science est de généraliser. Ce scepticisme, ce doute sont radicaux.
Entre
l’intransigeance du scepticisme radical et le doute méthodique réservé aux
sciences, le mathématicien britannique Bertrand Russell propose au XXème siècle
une alternative : le scepticisme modéré. Faisons confiance aux savants et plus
généralement aux spécialistes lorsqu’ils sont unanimes grâce à des preuves
irréfutables mais admettons que la science puisse progresser. Quant aux
questions politiques, religieuses, morales, philosophiques ainsi qu’à toutes
les affirmations scientifiques qui ne font pas l’unanimité, restons dans le
doute.
Pourquoi ? Parce que celui qui doute a la sagesse de ne pas vouloir imposer, parfois par la violence, son point de vue. Dans une société qui laisse toute sa place à la raison, douter ne devrait donc jamais représenter un risque.
Pourquoi ? Parce que celui qui doute a la sagesse de ne pas vouloir imposer, parfois par la violence, son point de vue. Dans une société qui laisse toute sa place à la raison, douter ne devrait donc jamais représenter un risque.
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