Le
très médiatique Michel Onfray est, comme ses confrères philosophes à la mode,
controversé. Dans son Antimanuel de philosophie, il écrit que “ pour
l’Éducation nationale, un bon philosophe est un philosophe mort. ” Son ironie
dénonce le fait que dans le programme officiel, seuls des auteurs décédés sont
inscrits.
Pourquoi imposer cette limite dans l’enseignement alors que les media accordent une place croissante à la philosophie ? Et malgré cette limite, est-il possible aux candidats de convoquer des auteurs contemporains ? ( “ Convoquer ” est le terme que l’on emploie en philosophie pour dire “ faire référence à ”. )
Votre professeur lui-même le fait sûrement. Il n’enfreint pas pour autant le règlement car il a toute liberté pour construire son cours. Alors pourquoi ne l’imiteriez-vous pas puisque un philosophe vu à la télé vous a plu et que vous avez peut-être même lu son livre ?
Pourquoi imposer cette limite dans l’enseignement alors que les media accordent une place croissante à la philosophie ? Et malgré cette limite, est-il possible aux candidats de convoquer des auteurs contemporains ? ( “ Convoquer ” est le terme que l’on emploie en philosophie pour dire “ faire référence à ”. )
Votre professeur lui-même le fait sûrement. Il n’enfreint pas pour autant le règlement car il a toute liberté pour construire son cours. Alors pourquoi ne l’imiteriez-vous pas puisque un philosophe vu à la télé vous a plu et que vous avez peut-être même lu son livre ?
Tout
d’abord parce que vous passez un examen donc l’actualité ne va pas suffire. Vos
capacités d’argumentation autant que la culture philosophique acquise dans
l’année sont évaluées. Or, la culture s’appuie d’abord sur la connaissance du
passé.
Oui, mais le philosophe du passé a nécessairement été un philosophe du présent. N’aurait-il pas été absurde qu’au XVIIème siècle, de futurs bacheliers n’étudient pas Descartes ? Eh bien justement, ils ne l’étudiaient pas. Car c’est le temps qui, en toute chose, opère le tri entre grandeur et petitesse. De leur vivant, ceux que l’on reconnaît aujourd’hui comme de grands auteurs n’étaient souvent connus et reconnus que d’une poignée de spécialistes ou d’amis, évincés par des penseurs en vogue à présent oubliés. Ces derniers, trop bien ancrés dans leur temps, ne pouvaient devenir des penseurs de tous les temps.
Oui, mais le philosophe du passé a nécessairement été un philosophe du présent. N’aurait-il pas été absurde qu’au XVIIème siècle, de futurs bacheliers n’étudient pas Descartes ? Eh bien justement, ils ne l’étudiaient pas. Car c’est le temps qui, en toute chose, opère le tri entre grandeur et petitesse. De leur vivant, ceux que l’on reconnaît aujourd’hui comme de grands auteurs n’étaient souvent connus et reconnus que d’une poignée de spécialistes ou d’amis, évincés par des penseurs en vogue à présent oubliés. Ces derniers, trop bien ancrés dans leur temps, ne pouvaient devenir des penseurs de tous les temps.
Et
puis qui les média appellent-ils “ philosophes ” ? Des enseignants qui écrivent
des livres ? Des écrivains qui n’enseignent pas ? Des philosophes
auto-proclamés qui ont oublié la leçon d’Épictète ( “ ne te dis jamais
philosophe.” ) ? Comment savoir quel sera le destin des idées du “ philosophe ”
télégénique et dont les livres font les têtes de gondole des librairies ?
L’actualité est vivante, donc plus passionnelle que raisonnable, passionnante
mais difficilement nationalisable, surtout pour un novice.
Alors oui, Onfray a raison : pour le correcteur du bac représentant l’Éducation nationale, un bon philosophe auquel se référer dans un devoir est plutôt un philosophe mort, à moins qu’il n’ait été étudié en classe.
Alors oui, Onfray a raison : pour le correcteur du bac représentant l’Éducation nationale, un bon philosophe auquel se référer dans un devoir est plutôt un philosophe mort, à moins qu’il n’ait été étudié en classe.
Ce
qui ne doit pas vous empêcher, au contraire, d’écouter ni de lire les
philosophes contemporains, médiatisés ou non. Armés de vos classiques, vous
pourrez évaluer la solidité de leurs raisonnements et débusquer, peut-être,
ceux qui passeront à la postérité et que vos descendants ( si le bac et la
philosophie au bac existent encore ) étudieront.
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