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Nuage :
1. Amas de vapeur d'eau condensée en fines gouttelettes qui se forme et se maintient en suspension dans l'atmosphère. (Le Grand Robert)

2. Concentration de matière interstellaire formant une zone luminescente lorsqu'elle est éclairée par une étoile (Le Grand Robert)

3. Distribution de densité de probabilité de présence des électrons autour du noyau d'un atome. (Le Larousse)

Quantique :
1. Branche de la physique qui traite des propriétés des quantons (Le Larousse)

2. Relatif aux quanta
" La physique quantique n'aboutit donc plus à une description objective du monde extérieur, conforme à l'idéal en quelque sorte instinctif de la physique classique : elle ne fournit plus qu'une relation entre l'état du monde extérieur et les connaissances de chaque observateur, relation qui ne dépend plus seulement du monde extérieur lui-même, mais aussi des observations et mesures effectuées par l'observateur."

L. de Broglie, Physique et Microphysique, p. 150.

L'association des deux termes semble donc décrire un ensemble plus ou moins distinct, ayant une dimension mais sans frontière et dépendant de l'observateur.
Bienvenue.




lundi 21 décembre 2015

Emile Meyerson ( 1859-1933 ) ou Nuages Quantiques a-t-il raison d'accueillir une rubrique philosophie ?




Le 6 avril 1922, la Société Française de philosophie reçoit Albert Einstein, prix Nobel de physique en visite à Paris. Pour débattre avec lui sont entre autres présents le philosophe Henri Bergson, Nobel de littérature, et son ami Émile Meyerson qui ouvre la discussion.

Ce dernier est l’auteur d’un paradoxe : la raison a besoin, pour se surpasser, d’une part d’irrationnel. Cette part, inhérente à la nature elle-même, existe aussi dans l’esprit du chercheur. Ainsi, la raison ne pourra pas réduire le réel et l’histoire de la science est l’histoire de cette tension insurmontable entre rationnel et irrationnel. L’argument aurait frappé Einstein et par la suite influencé sa conception des sciences.

Meyerson lui aussi est un scientifique mais au parcours atypique. Titulaire d’un doctorat de chimie obtenu dans sa Pologne natale puis stagiaire au Collège de France en 1882 avant de devenir chimiste dans la grande industrie, il démissionne d’un poste bien rémunéré pour s’établir inventeur. Le brevet de colorant qu’il dépose étant un échec, à trente ans, il est embauché comme rédacteur en politique étrangère dans une agence de presse, Havas, puis neuf ans plus tard dans une administration du Baron de Rothschild et enfin à la Jewish colonization association.  

Pourquoi ne pas enseigner à l’Université ? Parce qu’il n’est naturalisé français qu’en 1926. Alors il se contente d’emplois alimentaires pour se consacrer à la composition d’une histoire de la chimie. Car autant qu’à la matière elle-même, le chimiste Meyerson s’intéresse à la façon dont les chercheurs l’abordent : par la seule raison ou par la sensation ? La connaissent-ils ou projettent-ils sur elle leurs hypothèses ( il parle alors d’hypostasie ) ? C’est cette entreprise épistémologique qui l’a amené à son fameux paradoxe et plus généralement à une prise de position originale dans le débat scientifique de son époque, position qu’il défend dans ses ouvrages (Identité et réalité,1908, La Déduction relativiste, 1925... )

Alors Meyerson est-il, en définitive, chimiste ou philosophe ? Il a fréquenté autant les uns que les autres, sans compter les mathématiciens et autres physiciens. Correspondance suivie, entretiens très réguliers, il a même participé au célèbre dictionnaire de philosophie d’André Lalande !

C’est pourquoi les penseurs étasuniens continuent à prendre en compte ses travaux, alors qu’il est rapidement tombé dans l’oubli en France. Ne pas être passé par la voie officielle de l’Université l’a indéniablement pénalisé, contrairement à son rival Bachelard. Mais il n’est pas impossible qu’il soit aussi victime de ce que notre culture considère comme une confusion des genres, la rencontre d’un professionnel de la chimie avec la philosophie, comme s’il y avait des mariages intellectuels contre-nature.



Pour en savoir plus : 


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