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Nuage :
1. Amas de vapeur d'eau condensée en fines gouttelettes qui se forme et se maintient en suspension dans l'atmosphère. (Le Grand Robert)

2. Concentration de matière interstellaire formant une zone luminescente lorsqu'elle est éclairée par une étoile (Le Grand Robert)

3. Distribution de densité de probabilité de présence des électrons autour du noyau d'un atome. (Le Larousse)

Quantique :
1. Branche de la physique qui traite des propriétés des quantons (Le Larousse)

2. Relatif aux quanta
" La physique quantique n'aboutit donc plus à une description objective du monde extérieur, conforme à l'idéal en quelque sorte instinctif de la physique classique : elle ne fournit plus qu'une relation entre l'état du monde extérieur et les connaissances de chaque observateur, relation qui ne dépend plus seulement du monde extérieur lui-même, mais aussi des observations et mesures effectuées par l'observateur."

L. de Broglie, Physique et Microphysique, p. 150.

L'association des deux termes semble donc décrire un ensemble plus ou moins distinct, ayant une dimension mais sans frontière et dépendant de l'observateur.
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mardi 7 décembre 2021

Socrate, séducteur ou séduisant ?

En 399 avant J-C., Socrate est exécuté, accusé, outre d’être impie, de détourner la jeunesse du droit chemin, de la corrompre. Or, le détournement résulte de la séduction, séduire signifiant littéralement amener à part et plus globalement exercer sur quelqu’un tous les moyens de plaire pour l’abuser ou le faire agir dans un but précis.

Socrate, aux yeux des trois citoyens qui l’ont dénoncé et des juges qui l’ont condamné, n’est qu’un séducteur au sens le plus péjoratif du terme, comme on le dit de don Juan dans la littérature classique, un homme qui ment et qui trompe par ses belles paroles.

Socrate, aux yeux des trois citoyens qui l’ont dénoncé et des juges qui l’ont condamné, n’est qu’un séducteur au sens le plus péjoratif du terme, comme on le dit de don Juan dans la littérature classique, un homme qui ment et qui trompe par ses belles paroles.

 

Alcibiade, dans Le Banquet , compare Socrate dont il est fou amoureux au satyre Marsyas. De même que celui-ci ensorcellerait les gens au son de sa flûte, Socrate les charmerait par ses mots, jetant le trouble dans leur esprit au point qu’ils douteraient de tout ce qui leur paraissait évident. Ainsi, depuis sa rencontre avec Socrate, Alcibiade ne saurait-il plus s’il préfère continuer sa carrière politique ou bien se consacrer à la philosophie. Séduit par Socrate, Alcibiade serait désorienté.

Ce genre de témoignage, pris au premier degré, n’a pas plaidé en faveur du philosophe. Mais si Socrate n’avait été qu’un séducteur, comment serait-il devenu « l’idéal-type » de l’homme qui pense(1), le « totem de la philosophie occidentale » (2) ?

 

Malgré ses lamentations – facilitées et exacerbées par l’alcool -, Alcibiade fait l’éloge de Socrate. Il reconnaît « combien est merveilleux le pouvoir qu’il possède » de révéler, par le dialogue, les âmes à elles-mêmes. Socrate est en outre un modèle de tempérance ( modération ), de détachement vis-à-vis des biens matériels, de courage, de maîtrise de soi.

Or, ces qualités ne le rendent-elles pas attirant, séduisant – malgré sa légendaire laideur ? Et son intelligence, son ironie, son sens de la répartie, charismatique ? Le très bel Alcibiade s’était imaginé subjuguer Socrate par son physique et son argent. Le philosophe méprise l’un et l’autre. Cette façon de ne courir après personne mais de laisser les gens venir à lui est aussi une façon de séduire mais non plus pour tromper, pour instruire.

 

Mort d’avoir été confondu avec un séducteur, Socrate a accédé à la postérité d’être intellectuellement séduisant, sa pensée amusée dansant sur une frontière équivoque dont il n’a pas franchi la ligne. Car l’on n’éduque pas si l’on est séducteur mais l’on n’éduque pas non plus sans être séduisant.

 

 

(1)    Voir Hannah ARENDT dans Considérations morales.

(2)    Voir Jacques BRUNSCHWIG dans l’article « Socrate » de l’Encyclopaedia Universalis.

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