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Nuage :
1. Amas de vapeur d'eau condensée en fines gouttelettes qui se forme et se maintient en suspension dans l'atmosphère. (Le Grand Robert)

2. Concentration de matière interstellaire formant une zone luminescente lorsqu'elle est éclairée par une étoile (Le Grand Robert)

3. Distribution de densité de probabilité de présence des électrons autour du noyau d'un atome. (Le Larousse)

Quantique :
1. Branche de la physique qui traite des propriétés des quantons (Le Larousse)

2. Relatif aux quanta
" La physique quantique n'aboutit donc plus à une description objective du monde extérieur, conforme à l'idéal en quelque sorte instinctif de la physique classique : elle ne fournit plus qu'une relation entre l'état du monde extérieur et les connaissances de chaque observateur, relation qui ne dépend plus seulement du monde extérieur lui-même, mais aussi des observations et mesures effectuées par l'observateur."

L. de Broglie, Physique et Microphysique, p. 150.

L'association des deux termes semble donc décrire un ensemble plus ou moins distinct, ayant une dimension mais sans frontière et dépendant de l'observateur.
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samedi 10 novembre 2018

Elisabeth ou « l’incommodité d’être un peu raisonnable. »

La princesse Elisabeth de Bohême ( 1618-1680 ) est modeste. Elle parle six langues sans pour autant se mettre en avant dans les salons, ces lieux s’échangent, au XVIIème siècle, toutes les nouveautés scientifiques et artistiques. Elle est reconnue comme l’un des meilleurs mathématiciens de son temps mais refuse de publier ses travaux malgré les encouragements de Huygens. Elle est belle mais sait qu’elle ne pourra pas se marier car sa famille, bien que de très haute noblesse, est en exil et pauvre ; qu’importe, Elisabeth ne se plaint pas et assume ses responsabilités auprès de ses douze frères et sœurs dans un climat politique tendu.

Une santé fragile et tant de sérieux la conduisent pourtant à être souvent déprimée et c’est Descartes qui lui a conseillé de consacrer moins de temps aux études scientifiques et philosophiques et plus de distractions futiles.

Car au printemps 1643, Elisabeth, après l’avoir brièvement rencontré, écrit à Descartes. Elle a lu de façon très approfondie les Méditations métaphysiques mais demande des éclaircissements sur plusieurs points au philosophe. Une correspondance régulière s’établit.

La correspondance d’un philosophe n’a pas pour destination de rester dans l’intimité mais pour vocation d’être publiée. C’est ce qu’avait fait, au Ier siècle, Sénèque avec ses lettres à Lucilius. Justement, Descartes s’inspire beaucoup des idées du romain pour consoler Elisabeth de ses souffrances. C’est pour lui l’occasion d’explorer des thèmes qu’il avait jusque là négligés. C’est même dans une lettre à la princesse que l’on peut lire le seul texte qu’il ait consacré aux relations avec autrui. En répondant aux questions d’Elisabeth, il clarifie et développe différents points de ses livres et revient aux thèmes favoris de ses débuts, l’homme du point de vue médical mais aussi la poésie. La correspondance avec Elisabeth offre à Descartes un espace de liberté.

Elle permet à Elisabeth de devenir elle-même philosophe, c’est-à-dire de développer une pensée strictement personnelle. Car Elisabeth admire Descartes sans être sa disciple aveugle et les lettres qu’elle lui écrit expriment une indépendance et une originalité de plus en plus grande.

Bref, ces lettres font partie intégrante de l’œuvre mais Elisabeth a demandé à Descartes le secret. C’est un sacrifice pour le philosophe malheureux de n’être pas assez reconnu, d’être mal compris et de faire l’objet de tant de méfiance ( on le soupçonne, entre autre, d’athéisme ). Mais leurs échanges sont un secret de polichinelle et Descartes lui dédie officiellement l’ouvrage qu’il publie en 1644, Les principes de philosophie.

Avec le développement des études visant à faire sortir de l’ombre des figures féminines qui ont joué un rôle aussi important que les hommes dans l’histoire, la princesse Elisabeth trouve enfin une place à sa mesure dans l’histoire de la philosophie. Elle n’a pas été seulement la muse de Descartes, rôle traditionnel attribué à toutes les femmes ayant gravité dans l’ombre d’un grand homme. Le dernier livre de Descartes, Les passions de l’âme, est leur ouvrage commun : il est né du projet de répondre aux questions d’Elisabeth sur les passions et il est relu par elle au fur et mesure que Descartes l’écrit en tenant compte de ses remarques. Or, cet ouvrage, quoique resté inachevé ( Descartes meurt en cours de rédaction ) permet à l’œuvre de Descartes de ne pas rester cantonnée à des travaux scientifiques et métaphysiques qui tiennent, finalement, l’homme en tant que personne à l’écart, mais de s’étendre à une dimension plus humaine tout aussi nécessaire à la philosophie parce que nécessaire à la vie.

Une réédition récente de la correspondance témoigne de l’importance de celle-ci mais le fait qu’elle le soit sous le nom d’auteur Descartes de l’ombre des grands hommes que notre société continue à faire porter sur les grandes femmes.



Les lettres publiées en 2018 :
Les lettres à lire en ligne :

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