Lorsqu’il
meurt en 1831 du choléra, Hegel est une sommité. Son enseignement va
durablement rayonner en Europe. Un groupe d’admirateurs publie ses œuvres
posthumes et enseigne sa doctrine : les Jeunes Hégéliens, qui se scindent
rapidement car les Jeunes Hégéliens de gauche prennent leurs distances. C’est
dans cette mouvance puis contre elle que Marx développe sa propre doctrine pour
devenir l’autre pilier de la philosophie de l’histoire et de la politique au
XIX° siècle.
Selon
Hegel, l’histoire est le processus par lequel l’Esprit se dirige vers une fin
déterminée par la Raison, force transcendante. Hegel ne s’intéresse pas aux
accidents de l’histoire ( les événements particuliers, la vie des peuples... )
mais s’attache à l’essentiel pour en dégager un sens universel abstrait. Sa
doctrine est déterministe : les hommes obéissent sans le savoir à la Raison qui
les guide à travers les grands hommes tels Alexandre dans l’Antiquité ou
Napoléon, que Hegel admire. Passionnés, les grands hommes agissent eux aussi à
leur insu, victimes d’une ruse de la Raison puisqu’ils croient servir leurs
ambitions alors qu’ils servent l’Histoire. Vers où celle-ci mène-t-elle
l’humanité ? Vers le progrès et la liberté, buts idéaux de l’Esprit.
L’idéal
abstrait, la transcendance : Marx est exaspéré. Les hommes ne sont pas de purs
esprits vivant d’idées mais des êtres corporels ayant besoin de produire de
quoi subsister. L’économie est donc au fondement des sociétés qui se sont
succédées dans l’histoire selon un schéma identique, la lutte des classes. Dans
chaque société, les dominants possèdent les moyens de production, par exemple
la bourgeoisie les terres et les usines. La propriété privée leur procure des
revenus et leur confère le pouvoir politique tandis que les dominés, par
exemple les prolétaires, doivent pour survivre vendre leur seul bien, leur
force de travail. L’antagonisme entre les deux classes conduit à une révolution
où les dominés prennent la place des dominants. En ce sens, l’histoire n’est
que répétition des misères de l’humanité. Comment rompre le cycle ? Par la
révolution prolétarienne qui supprimera la propriété privée pour instaurer en
une première étape la dictature du prolétariat où l’État sera seul propriétaire
( socialisme ) le temps que les hommes apprennent à vivre sans plus avoir
besoin d’être gouvernés. Ce sera le communisme où régneront égalité et liberté
réelles.
En
concevant la philosophie comme une pratique destinée à aider les hommes à
prendre leur destin en main, Marx préfigure ce qu’on appellera, au XX° siècle,
un intellectuel engagé. Économiste, journaliste et philosophe, il crée
l’ancêtre du Parti Communiste, la I° Internationale. Sa rupture avec
l’hégélianisme assigne un rôle nouveau au penseur politique qui devient aussi
acteur.
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